
Dites 5O, indiquait l’objet du mail. Mercredi 1er mai 2019, en ce jour pluvieux de travail passion pour certains, passion non-travail pour la majorité, nous voilà rendu au 87 de la rue Maréchal Joffre. J-20 et des patates avant l’ouverture du Wine Nat White Heat. Lolo Abed, chef de la brigade éditoriale du pôle transmédias de la Ville, paie son coup à l’occasion de son demi-siècle. Bracelet jaune au poignet droit, le coude gauche posé sur le comptoir : “Blanc ou rouge ?” À l’autre bout du zinc, Jean-Marc Apéro, l’un des derniers limonadiers encore en activité dans le bourg. Le président de l’association Wine Nat White Heat, aussi. Un sacré bout de bar ce type. Le genre de mec qui ferait causer sa propre statue. Muscadet en main, les yeux collants de la veille, on écoute Jean-Marc nous taper la discute. “J’aime plus faire ça, regardez comme vous êtes chiants. Tiens d’ailleurs, c’est l’heure. Les consos passent en payant les amis !” Timing trop serré pour évaluer si notre verre est à moitié vide ou à moitié plein. Tant pis, on a loupé le coche. Ou pas. Lolo Abed s’attaque aux platines, Morrissey en position de numéro 9. Et Jérôme Taudon, curateur officiel des producteurs de vins naturels présents lors du salon du festival au nom informulable, se faufile au milieu des convives. “Te voilà toi. On boit un verre de pinard ?” Le verre de nouveau à bon niveau. “Tu les as goûté les vins d’ici ? Il ont vraiment une sélection pointue.” Il est vrai que le Cour 87 se positionne dans le peloton de tête des refuges pour amateurs de vins dits sans soufre. Il est aussi vrai que les signatures de ces vins paraissent être le fruit (défendu?) d’une étroite collaboration avec celles des enseignes de salons de coiffure. Tirées par les cheveux. Bref. Entre un Tu vin plus aux soirées et un You fuck my wine, on prend un cours. Puis, on entre dans le privé. “Faudra que t’ailles voir mon pote Hervé pendant le festival. C’est un bon lui, tu vas te marrer !” Hervé Cormier, son Grolleau et sa rencontre avec Depardieu. Paraît que l’acteur lui aurait acheté une barrique cash il y a une paie.
“- Hervé, c’est le petit ami de la femme que je connais depuis le plus longtemps au monde. J’avais cinq jours…
– D’accord Jérôme. Mais t’as vu passer, ces derniers jours, l’histoire sur Bill Murray ? Il aurait fait un crochet dans notre vignoble après Cannes. Pour l’anniversaire d’un type du coin je sais pas quoi.
– T’es sérieux ? Je te cause de mon meilleur pote et tu me parles de Bill Murray !
– Bon… Sinon, tu vas au Hellfest toi cette année ?”