DANCE & DISTANCE

“Elle, c’est Liz Wendelbo, belle plante filiforme en mini-jupe de cuir noir, frange impeccable et grands yeux bleu glacier, elle me fait penser à Nico en brune. Lui, c’est Sean McBride, alias Martial Canterel en solo, lettré cocaïné qui ne lève jamais les yeux, absorbé par ses câbles et ses machines. La dernière fois que je les ai vus, c’était à Bruxelles, cinq ans plus tôt. À la fin de leur concert, je leur étais tombée dessus, en leur reprochant d’être trop statiques. L’adresse au public n’est toujours pas leur point fort, mais au Pôle étudiant, leur corps cold ondulait mieux. Je l’ai dit à Liz, et on a repris la discussion, en français : née à Oslo, elle a passé une partie de son enfance à Strasbourg, où son père était ambassadeur de Norvège au Conseil Européen. Ensuite, elle a filé à Brooklyn où elle a rencontré Sean en 2003. Ils ont été en couple jusqu’en 2014, mais maintenant elle sort avec leur ingé son, qui n’a pas fait que des miracles à Nantes hélas, larsen à l’appui… On a parlé de leur nom de groupe, Xeno & Oaklander, tiré d’un livre de métaphysique, de la couverture de leur dernier album, qu’elle a composée à partir d’une photo des marches de l’Acropole, de la bassiste Tina Weymouth, du pseudo Martial Canterel, héros de Raymond Roussel, et même de l’ancien groupe de Sean, Moravagine, titre d’un super roman de Cendrars. J’aime bien leurs paroles sur le dernier album Hypnos, trip mythologique et textes délicats mais pas trop poseurs, avec des rythmiques aux synthés analogiques syncopées et dansantes. Au Pôle, on a bien dansé justement, sur le seul son wave du WN/WH, surtout sur mon titre préféré qui s’appelle Angélique, à cause des noms de fleurs murmurés par la voix blanche de Liz.”