DROIT AU BUT

“Personne ne pourra me sauver ! Personne ne pourra me sauver ! Personne ne pourra me sauver ! Plus vite, plus vite, plus vite, plus vite ! Je suis presque mort !”
Dimanche, 18h pile. Sur la scène étriquée d’un dôme étouffant, Godzilla Overkill, son gabber kamikaze et ses textes tunnés par un auto-tune léché et possédé font leurs balances. C’est l’avant-match. À ses côtés, Photo Ratée, caution chanson dégénérée du Nantes animé et groupie numéro uno de celui qui chante Marseille comme aucun autre minot, a fait le déplacement pour supporter.
“Mort aux rats ! Faut que tu fasses Mort aux rats !”, s’égosille le nantais depuis l’estrade placée au fond de la structure blanche.
“Si j’ai le temps. Attend, je vois même pas mes pads pour l’instant”, lui répond le grand brun du pays de JUL.
On s’assoit.
“Au départ, ils lui ont dit 30 minutes. Il a dit non, 40. Du coup, il fait 40. C’est le boss.”
Le boss, c’est celui qui, dans à peine trois quarts d’heure, retournera le dancefloor terreux et tumultueux du Thunderdome avec autant de brutalité que peut exhiber l’opposition parfumée de deux molosses en plein duty free de l’aéroport d’Orly. Mais, pour l’heure, ça échange backing vocals et disto autour d’une bouteille de bourbon déjà bien entamée. On est invité à passer en loge pour la séance costumée du Godzilla le plus maigre répertorié à ce jour. Ambiance : jupe noire autour de la taille, chaînes couleur acier nouées au cou. La face rouge et les dents longues, Godzi enchaîne.
“- Si je meurs avant mon concert à Visions, ça va créer la légende. Mais la grande question ce serait : est-ce qu’il a été payé ?
– T’es comme Booba, tu penses qu’à la thune toi.
– Putain, avec le sel de la plage qui colle, c’est tarpin chiant ce déguisement !
– Beh tu sais, comme disait NTM, laisse pas traîner ton jean !
– Ahah ! J’ai l’air d’un con. On dirait un vieux sadomaso…
– C’est pas le principe des chaînes ? Tu préfères les caves et les esclaves peut-être ?
– Je préfère parler des esclaves qui prennent des drogues dans les caves.”
Photo Ratée ne peut qu’acquiescer. Place au spectacle. Monstrueusement vivant.