
“Qui veut des clopes ? Je descends dans le bourg.” Le jour s’est levé sur le camping. Le ciel est nuageux, la tête brumeuse. On gribouille notre commande sur une enveloppe tendue depuis la fente de notre tente. Sur le fil de notre Facebook, un maillot du FCNA rayonne derrière des platines. En l’occurrence celles du festival Dekmantel, à Amsterdam, où Simo Cell, quelques heures avant notre réveil, aurait visiblement retourné l’espace investi par les caméras de Boiler Room. Un dimanche au bord de l’eau, le bonheur c’est pour bientôt.
Hello! Café à Rennes quand je rentre de Belle-Île si t’es par là. Je viens de voir le live Zamilska, à Hackney. Et bien, la techno indus polonaise, à 14H, c’est pas top. De l’autre côté du SMS, Paganist, notre contact londonien, écrit depuis l’événement homonyme anglais de Visions. On acquiesce des doigts pour le café. Sur le chemin de l’entrée du festival, notre regard croise celui de Marie. La responsable de la bonne tenue hygiénique des festivaliers se tient la main comme une petite fille qui se serait coincée les doigts dans une porte. Elle se la serait cogner contre un mur dans son sommeil, en repensant aux gestes répétitifs accomplis ces derniers jours. Au bout du rouleau la Marie.
“- T’as l’air d’un violeur d’enfants Harshlove !
– Et j’ai pas que l’air ! Si tu vois ce que je veux dire.”
Étendus sur la pente d’herbe qui fait face à la scène du Dôme, quelques loustics, encore bien gominés de la veille, s’occupent tant bien que mal avant le début du live de Sara Fuego.
“D’habitude, j’essaie de m’adapter au projet qui joue avant. Mais là, comment veux tu faire ? Je veux bien enfiler sa jupe, mais ça ne pourra pas aller plus loin. Elle a la dégaine d’une esthéticienne dans le Var. Et puis franchement, j’ai écouté, c’est pas le feu en balance Sara Fuego.” En grande forme, Raph Sabbath, alias Harshlove, joue ce qu’il sait faire de mieux après la musique: les terreurs. Pendant ce temps là, avachi à nos côtés, Godzilla Overkill se souvient : “Il y avait moins de monde à mon live l’an dernier… En même temps, t’es une star toi Raph.”
Sur l’heure et demie que Harshlove s’accordera pour dégommer la structure du Dôme à la suite du concert ensoleillé de la jeune brestoise, pas une seconde de répit ne sera offerte au public. Non, Harshlove n’est pas du genre à faire de cadeaux, et le public, en stand-by depuis l’annonce du retard de papy Lee Scratch Perry, l’aura bien compris.
Texto : Zion scène principale, à gauche bar. Viendez. Quand le Yes Journal appelle à la rescousse, on fonce. Après un slalom dans les loges, entre la bouteille de Gaillac charpenté réservée à Adrian Sherwood et celle de rhum brun floquée Jamaïcan Connexion destinée aux J-Zbel, nous voilà rendu au centre d’une faune faya par The Neat little man et sa tenue de gala. High.