ELLE EST VENUE COMMENT JENNY ?

Les transats oranges sont de sortie sur la terrasse du Lieu Unique. C’est pourtant bien dans la pénombre du Grand Atelier que sont conviés les festivaliers, en cette fin de journée printanière où coule à flot premiers pastis et grands verres à bière. Quinze minutes. On aura tenu quinze minutes sur notre siège lors du premier concert. « Angoissant ? », nous aura demandé une ouvreuse du lieu à notre sortie de la salle. « Lent et chiant », aura-t-on entendu dans les couloirs de notre intérieur. Dehors, on croise un ancien de Vice. Une réflexion douteuse à propos d’une blackface et pas grand chose de plus à échanger. Le voilà reparti. Cela ne lui ressemble pas. À croire que c’est aussi ça la musique. Même quand cela paraît nul, cela peut bouleverser. Il fait déjà nuit et Jenny Hval a rempli son contrat. Plus que ça. L’artiste norvégienne est venue avec son band donner une leçon de positivité en beauté. Accoudé au comptoir du bar, Johann Mazé, batteur émérite du groupe ELG & La Chimie, évoque l’incompréhension totale qu’éprouve ses collègues du soir à l’égard de la musique de la russe Kate NV, dernière musicienne à performer pour la soirée. Borja Flames, placé au centre de la piste, face à la remuante blonde aux cheveux courts, est déjà là. Un jour d’avance sur son concert. La chemise blanche est légèrement déboutonnée, la veste noire cintrée. On s’attendait à un torse plus velu. Putain, par contre on avait zappé la gueule. Difficile de savoir si c’est le bon, la brute ou le truand. Dandy comme il faut le cow-boy. Fait quand même bien moite dans le LU quand les vingt degrés déboulent par chez nous, se dit-on. On avait oublié. Retour à la case tireuse. « Le Picon, c’est toujours pas leur truc ! », s’esclaffe-t-on sur le côté. Ça, en fins connaisseurs de la boisson noire-orangée, nous n’avions pas oublié. Sur la terrasse, l’illumination de la nouvelle animation foraine surplombée par King Kong fait son petit effet. C’est haut. Plus haut que le Booster apparement.