LE 12 DU TREIZE

Jeudi 12 avril, presque 20 heures. Devant l’Antipode, c’est la procession des parures noires. À froid, sans discours et sans détours, le Treize, festival rennais à l’humeur sombrement accueillante, s’apprête à ouvrir ses portes par une grande messe dédiée à l’indus métal. Autour d’une cigarette, on nous présente Thierry, une légende vivante pour tout ce que la Bretagne compte de plus rock’n’roll à ce jour. Le regard tendre des bons gars, un tee-shirt Teenage Menopause sur le dos, Thierry nous explique passer sa vie entre sa bagnole et ses copains. Entre le cidre et les concerts aussi. Il nous raconte que “les bars sont toujours vides à Lorient. Parce qu’on boit trop à Lorient.” Que Brest, c’est le must. Et que sur Facebook, il a 112 ans. À l’intérieur, micro en main, Bière Noire donne le coup d’envoi. Le brasseur officiel de l’identité visuelle de l’événement musical de la semaine vient présenter son dernier disque. Son premier signé sur le label local Les Disques Anonymes. “Je veux être l’ennui du soleil”, clame-t-il dans l’obscurité totale. Joli. Les couplets s’enchaînent et le garçon de Satan ne cesse de magnifier ce qui s’apparente à une brûlante peine. Mi-temps. Enfin, tiers-temps. Il est 22h. À droite, dans le brouhaha général, on saisit au vol : “Étienne Daho, il est plus au niveau…” Sujet cliché par ces contrées, mais toujours garant d’une discussion animée. Tiens, revoilà Thierry. “Attends, il faut que je te montre. Tu vois ce tatouage, c’est le symbole des éboueurs à Brest.” Puisqu’on vous dit que ce type est vrai. Photo. Pendant que, tour à tour, ses messieurs de Godflesh et Khost, princes d’un métal opaque et natif de l’industrielle Birmingham, font grincer guitares et batteries, on se la coule douce au bar. Ça cause galère de runners et soutien scolaire. Clap de fin, il est déjà l’heure pour nous de quitter la MJC du quartier Cleunay. En route vers de nouveaux horizons.