IMPRESSION(S) TROMPEUSE(S)

Qui dit vendredi 13, dit forcément spéculations et superstitions. À l’heure où le Loto et les casinos font leur beurre à gogo, le Treize opte lui pour l’installation d’une mystérieuse roulotte sur son site. Une fois poussée la petite porte de l’habitacle itinérant stationné sur la partie sablonneuse du festival, Agathe nous installe face à elle. On avait préparé nos questions. Et on était complètement à côté de la plaque. Personne n’allait nous révéler qui de Nantes ou de Rennes remporterait le derby du ballon rond programmé le week-end suivant. On avait mal lu, mal interprété. De voyance ici il n’était finalement point question. Première déception… On prend le rebond et on suit les consignes de la maîtresse de cérémonie. Au programme : de la gravure de bonne aventure, façon horoscope initiatique et ludique. La roue tourne et indique 12. Après avoir encré le rouleau et la plaque installés sur le bureau central, puis posé la carte délivrée sur la presse, Agathe annonce : “Le Tablier”. Voici venu le moment fatidique de l’interprétation. “Tu es quelqu’un de dégourdi, manuel et bricoleur. Tu peux aussi te révéler égoïste. Tu n’aimes pas qu’on te pique une frite dans ton assiette. Et tu n’as pas envie qu’on t’embête.” Tout faux. Deuxième déception. Passons, et inversons les rôles. Aujourd’hui en représentation au nom de L’Atelier Barbe À Papier, la jeune femme au turban rose dévoile s’être prise de passion pour “la gravure et son côté magique”, à l’issue d’une visite de l’atelier de Mariano Otero, artiste-peintre espagnol installé à Rennes. “Il produisait chaque année de magnifiques cartes de vœux en linogravure. J’ai tout de suite accroché. J’apprécie l’idée de creuser une plaque, et de ne pas être sûr de ce que cela va donner. Construire à l’envers amène à de la réflexion et de l’expérimentation.” Et lorsqu’elle se la joue à l’endroit, la coorganisatrice du Marché Noir, kermesse annuelle de la micro-édition dans la capitale bretonne, se divertit sur tous les formats. À l’échelle miniature, elle propose, une fois par mois, l’exposition d’œuvres de petits formats dans les quarante centimètres de haut et trente-deux de large qui façonnent sa Minuscule Galerie. À échelle grand format, cette fan de rock psyché préside l’association Le cinéma est mort, matérialisée en une émission radiophonique pour fervents cinéphiles. Finalement, Agathe nous aura impressionné avec une certaine forme de pouvoir. Celui de conter sa belle aventure.