PUSH-TO-TALK

Dimanche, 2 heures du matin. Lundi, du coup. On a rendez-vous au deuxième étage d’une Station – Gare des Mines qui s’apprête à trembler sous l’effet des mines kickées d’une AZF rencontrée tout sourire. Lucie nous attend. Armée de sa batterie de talkies-walkies, la chargée d’exploitation du lieu festif de la porte d’Aubervilliers avait croisé notre chemin la veille. “Je cours partout ce soir ! Demain ce sera mieux.” Vendu. Un tour de cadran plus tard, la pétillante brune nous installe au bout d’une tablée où les gens issus du milieu de la prod pullulent. Son blouson Perfecto est assorti à un rouge à lèvres intensément bien appliqué. Lucie démarre au quart de tour : “Lorsque l’on a récupéré la Station, il y avait des poupées vaudou dans les caves et des traces de fritures sur les comptoirs.” Sans réelle chronologie, celle qui a fait ses armes au Centquatre et au théâtre du Rond-Point, avant d’atterrir au sein du Collectif MU, nous résume sa trajectoire. Il y a ses études de lettres modernes à Nantes. Puis son expérience d’enseignante en français par la pratique de la danse, lors de son expatriation à Belgrade. “Les Balkans ont un retard culturel de vingt ans. J’ai vu des gens se faire butter à la Gay pride en Serbie”, lâche-t-elle à froid. C’était il y a sept ans. De ce séjour, la trentenaire, loin d’avoir sa langue dans sa poche, n’a rien perdu de l’idiome de Mila Jovovic. Démonstration est faite sous nos yeux ébahis. Lucie nous raconte ensuite qu’elle se plaît dans son confort bourgeois. Qu’elle s’amuse aussi à revêtir son costume d’ambianceuse de la platine lorsqu’elle retrouve, sous le pseudo de Catherine Rincée, les dures à cuire de l’ardent festival féministe Comme nous brûlons. Changement de décor, on parle cirque. Depuis peu, la danseuse moderne de formation a intégré la production de la troupe de l’indomptable Johann Le Guillerm, et par la même occasion le cercle fermé des circassiens contemporains. Pas peu fière. On descend, direction les derniers concerts.