PLANÈTE MENDOZA

Il faut imaginer un hybride entre musique et arts plastiques. Sur un air ensoleillé d’une Reverberation Radio rythmée par les mixes psychédéliques des Allah-Las, un troupeau de chevaux galope accompagné par une volée de colibris. De majestueuses lianes de Monstera deliciosa habillent les alentours. Le tout est coloré par un dégradé de bleus, qui tirerait vers du fuchsia, et finirait sa course en orange. C’est ainsi que Mariano Peccinetti envisagerait son auto-portrait en version collage, un art qui l’a conduit à réaliser l’affiche de cette première du Ideal Trouble. “Je l’avais imaginé il y a quelques années. Il s’agit d’un mélange d’images piochées dans des revues National Geographic des années 70, avec une illustration d’arc-en-ciel qui forme un miroir fragmenté surplombant un volcan”, résume l’Argentin à l’autre bout du fil. Il est 11 heures à Mendoza. 16 heures à la capitale. Cet enfant de Tumblr n’a jamais mis les pieds à Paris. Ni même en Europe. Et pourtant, l’artiste y a déjà signé de sa griffe un tas d’affiches d’événements musicaux. Celle de l’édition 2015 de la Villette Sonique notamment. Trouvez le lien. Des pochettes de disques à tout va aussi. La cover du Being No one, Going No Were de STRFKR, c’est lui. Influencé par les maîtres du photomontage que sont Eugenia Loli et Jesse Treece, c’est en 2011 que ce musicien autodidacte découvre les réalisations des architectes italiens de l’agence Superstudio. “Ce mélange d’architectures et d’espaces naturels m’a fasciné. La transparence, le vide, les effets de miroir…” Mariano Peccinetti s’en inspire, y ajoute une touche cosmique et surréaliste, et se fait rapidement repérer sur la toile. Des travaux qui conduisent aujourd’hui ce fils d’un père chauffeur d’autobus et d’une mère femme au foyer à imager les campagnes publicitaires de Gucci. Brillant.