
“Bracelet. Bracelet. Vas-y. Bracelet. Non mais je vais devenir folle à dire ça toute la soirée !” Dimanche, fin du set de Superpitcher et Barnt. Changement de salle, en mode gestion de festival. Aussi imposante que bienveillante, Géraldine filtre l’entrée des escaliers. “Ok pour vous deux si on fait ça tout à l’heure ?” Les deux, c’est nous : la délégation Chouette Journal. Et tout à l’heure, ce sera 9 heures plus tard. Qu’importe, à ce stade là, le temps s’accélère. D’ailleurs, nous y voilà déjà. Face à nous, la physio de la Station fascine. Et ce n’est pas uniquement lié aux deux têtes qu’elle nous met. Il y a ces grands yeux bleus, cet air élancé, cette coupe de garçonnet. Et puis cette manière de paraître à la fois inflexible et attendrie face à ce qui l’entoure. “Tout a commencé par une blague. En after, dans la cuisine du BarOurcq, j’ai séparé Olivier (co-fondateur du Collectif MU) et un autre gars qui se disputait pour une histoire de merde. Et puis, après coup, pour rire, Olivier s’est dit qu’il me verrait bien en physio à la Station.” Depuis, Géraldine “fait en sorte que l’expérience de la fête se passe le mieux possible.” Elle assure un lien entre les balèzes de l’agence de sécurité Spartiate et le public. “Je fais tampon pour que ce soit moins agressif. Eux, ils voient un peu blanc ou noir. Alors je me mets dans la zone d’oubli, et je fais en sorte que ce soit plus détendu.” Un rôle taillé sur mesure pour cette grande brune, tant elle dégage une aisance naturelle à se mettre dans la peau du chef d’orchestre d’un ensemble noctambule toujours plus désaccordé. “Depuis l’été dernier, c’est les G-hole. Alors, ils ne maîtrisent pas le dosage, s’enfilent leur fiole et tombent comme des mouches. Et puis 30 minutes après, au mieux, ils se relèvent et demandent où est le dancefloor… Donc il faut faire attention. Surveiller leur respiration…” Si Géraldine avait décidé, la faute à un rythme effréné, de stopper en novembre dernier, elle revient volontiers filer un coup de main. Une fois retraversé le périphérique, entre deux montages vidéo pour des associations, la Champenoise de naissance pousse quelques tracks sur Winamp au BarOurcq. “J’ai 45 ans, alors quand je mix cela correspond aussi bien à une culture rock, qu’une culture électro, qu’une culture daube qui mérite d’être écoutée. J’ai même pas de carte son , je fais ça à la roots.” Roots, rock ou électro, l’ADN de la Station se situe quelque part par là. Et pour veiller sur cet esprit “à la fois frais et crado”, il y a Géraldine : la mère de cette porte d’Aubervilliers.