LES TROIS T
DE THIERRY THÉOLIER

Entre deux pintes et trois clichés, après le live des anglais de Ramleh, on est allé brancher Thierry Théolier, positionné juste à côté d’une pissotière bondée. Il y a maintenant plus de 15 ans, ce Big Lebowski d’une banlieue parisienne assoiffée de fêtes débridées mettait sur pied le Syndicat du Hype. “J’ai voulu profiter de la nuit parisienne sans rien payer. Je souhaitais que l’on fasse open bar pour tout le monde. Il existait la quintessence de la hype lounge et dandy des Beigbeder et Wizman. Et c’était pas punk du tout. Alors je suis venu mettre du larsen dans la hype.” À l’époque, dans la tête de Théolier, l’idée résonnait aussi simplement qu’un “Bonsoir, on est sur la liste”. Son mouvement, porté par une génération désireuse de s’enjailler sans un radis en poche, ambitionnait de jouir librement des exclusivités de l’univers pailleté de la capitale. Une histoire de grand écart, entre la hype et l’underground, opéré par des activistes de l’art vivant. La bouille est attachante et engageante. La casquette : enflammée, estampillée Paris, et badgée Superman. Posément, le boss du SDH nous explique avoir réactivé, il y a peu, “son réseau préhistorique” sur Whatsapp. “Cela m’excite plus que Facebook.” Celui qui aura réussi en un rien temps à imposer son idéal festif pour retourner la Gare aux gorilles et la Flèche d’Or de la grande époque, résume son activisme actuel au fait de “réunir des gens autour d’un couscous”, en plein XIXe, lors de ce qu’il a baptisé les Vendredis des Dudes. On est coupé. “Hey ! Tu tenais pas un blog de teufs sur Paris toi ?” L’acquiescement est courtois. “Mais il n’y avait pas que moi. Lionel de Sister Iodine avait monté un collectif qui s’appelait Büro, et qui organisait des soirées très pointues électroniques, à l’Institut Purple. Ça ne vous dit rien ? Ah beh ouais, on est des ieuvs nous, on a 50 ans !” TH se souvient que la presse de qualité accourrait. Que Télérama lui aurait volontiers conféré les trois T et qu’il avait réussi à faire converger sa prof de théâtre et Jack Lang, lors d’une soirée noise-electronica arrosée. Le constat est clair. La hype n’est pas morte. Un gars comme Théolier l’a en quelque sorte ressuscitée.